A la crise sanitaire et économique que nous vivons ne doit pas s’ajouter une crise des inégalités.
Dans Libération je propose le versement d’une allocation exceptionnelle de solidarité aux ménages modestes, pour les aider à faire face à la crise et aux dépenses supplémentaires engendrées.
Mon interview à retrouver ici : https://www.liberation.fr/france/2020/04/01/confinement-il-faut-une-allocation-specifique-automatique-pour-les-menages-precaires_1783828
Confinement : «Il faut une allocation spécifique automatique pour les ménages précaires»
La députée LREM Fiona Lazaar plaide pour le versement d’une aide exceptionnelle pour les ménages modestes que les mesures de confinement viennent fragiliser encore plus.
Vous alertez depuis le début du confinement sur les difficultés accrues pour les ménages précaires. Comment s’exerce cette double peine ?
Ce sont, par exemple, des familles dont les enfants n’ont plus le repas sain et équilibré que représentait, chaque jour, le déjeuner à la cantine et doivent cuisiner avec très peu de moyens. Les dépenses supplémentaires de nourriture et de chauffage vont encore gonfler la facture. Ce sont des difficultés d’accès à l’éducation : les dispositifs mis en œuvre dans le cadre de «l’école à la maison» sont très bons mais compliqués pour des familles mal logées ou vivant dans un petit logement, n’ayant pas d’ordinateur ou pas de connexion à Internet.
Il y a aussi ces ménages vivant de l’économie informelle ou d’une activité en partie non déclarée, qui se retrouvent sans revenus, sans bénéficier du chômage partiel mais qui ont des bouches à nourrir. Les systèmes de solidarité informels, via la famille ou le voisinage, sont aussi à l’arrêt dans cette période de confinement : ce n’est pas possible, en ce moment, d’envoyer les enfants déjeuner chez les grands-parents quand le frigo est vide. Et les associations continuent de fonctionner mais au ralenti, avec moins de bénévoles, qui sont en général des personnes âgées, même si la réserve civique se met en place. Toutes ces personnes déjà précarisées et habituellement sur le fil du rasoir risquent donc de basculer.
Estimez-vous que le gouvernement aide assez ces publics encore plus fragilisés à traverser cette épreuve ?
Une attention toute particulière a été portée rapidement sur la grande exclusion, avec des places d’hébergement ouvertes, 15 millions de chèques-services créés pour permettre aux personnes sans abri d’accéder aux services de base, la prolongation de l’accès aux droits et de la trêve hivernale. Il faut aussi veiller au maillon juste au-dessus : des personnes qui ont un toit, pas très confortable, sur la tête, qui parviennent tout juste à s’en sortir en temps normal mais qui risquent désormais de cumuler les difficultés.
Votre idée consiste à avancer la prime de rentrée ou la prime de Noël pour débloquer une aide…
Nous avions proposé, au départ, de créer une allocation exceptionnelle de solidarité et déposé, avec Aurélien Taché [député LREM du Val-d’Oise, ndlr], un amendement au projet de loi de finances rectificatif [adopté le 22 mars]. Mais cet amendement avait été déclaré irrecevable au titre de l’article 40 puisqu’il créait une dépense nouvelle.
Pour pallier l’urgence, notre idée était donc d’avancer une dépense, ce qui nous laisserait le temps de trouver une autre solution à l’approche de la rentrée scolaire ou de Noël. La prime de rentrée représente un montant plus élevé mais elle est versée aux familles, sous conditions de ressources, ayant au moins un enfant de 6 à 18 ans, et ne touche donc pas tous les publics. Il faut une allocation spécifique et, j’insiste sur ce point, automatique, alors que les services sociaux fonctionnent autant que possible, mais à distance. Si les personnes qui en ont besoin doivent accomplir des démarches, beaucoup ne la toucheront pas.
Où en sont les discussions avec le gouvernement ?
Je suis en contact avec Christelle Dubos, la secrétaire d’Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, qui évoque la possibilité pour les CAF de mettre en place une aide d’urgence sur demande individuelle – mais cela nécessite des démarches. J’ai aussi transmis une note à Olivier Véran, ministre de la Santé, qui a accusé réception. L’Elysée m’a dit que l’attention se portait aussi sur les publics précaires. Tout le monde s’accorde sur ce principe mais rien n’est arbitré. Les acteurs associatifs, notamment le Secours catholique, la Fondation Abbé-Pierre, le collectif Alerte, sont eux aussi mobilisés.
Mon interview à retrouver ici : https://www.liberation.fr/france/2020/04/01/confinement-il-faut-une-allocation-specifique-automatique-pour-les-menages-precaires_1783828