Dans le Huffington Post, j’appelle à une refonte de l’IGPN, la “police des polices”. Cette réforme me parait indispensable pour rétablir la confiance entre forces de l’ordre et citoyens.
Retrouvez ma tribune sur le site du Huffington Post et ci-dessous.
Alors que l’Assemblée nationale vient d’adopter solennellement la proposition de loi sécurité globale, la brutalité des images de l’intervention policière, Place de la République à Paris, laisse le pays groggy. Il est important que toute la lumière soit faite sur les circonstances des violences inacceptables survenues ce lundi soir et je salue la décision du Ministre de l’Intérieur de saisir l’IGPN. Plus que jamais, renouer la confiance entre les citoyens et la police est un impératif majeur. La refonte de l’IGPN, “police des polices”, en est le préalable indispensable.
Depuis plusieurs jours, l’opinion publique se déchire autour d’une disposition qui vise à mieux protéger les policiers en sanctionnant la diffusion d’images les identifiant personnellement, avec pour intention manifeste de nuire à leur intégrité psychique ou physique. L’article 24 de la proposition de loi relative à la sécurité globale poursuit en cela un objectif nécessaire -mieux protéger ceux qui nous protègent– mais soulève des objections et des craintes sur le respect des libertés fondamentales, soulignées notamment par la Défenseure des droits, des représentants de l’ONU et de la Commission européenne.
Dans ce contexte, les images choquantes et honteuses de ce lundi soir ont une résonance particulière et commandent une action résolue. Comme souvent, la réalité est plus complexe que ne le laissent entendre les discours de ceux qui, d’un côté, crient au “tous pourris”, et de ceux qui de l’autre ferment les yeux sur une violence qui n’est, disons-le avec force, pas toujours légitime. Je crois pour ma part que, davantage que de faire se succéder les anathèmes, il est urgent de renouer le lien entre les citoyens et la police, de rétablir la confiance entre le peuple et ceux qui ont la charge d’assurer sa sécurité.
Pour cela, l’impunité ne doit être tolérée nulle part. Nous devons faire preuve de la même fermeté envers ceux qui insultent, menacent et attaquent nos forces de l’ordre qu’envers la minorité de brebis galeuses qui salissent toute une profession, quand l’immense majorité des agents sont simplement des femmes et des hommes d’engagement et de courage, qui exercent une mission aussi périlleuse que nécessaire. On ne rappellera jamais assez combien ils exercent leur métier dans des conditions difficiles, au bénéfice notamment de nos concitoyens les plus vulnérables: ceux qui habitent les quartiers difficiles et pauvres, où la violence est parfois quotidienne. C’est aussi pour l’honneur de ces dizaines de milliers d’agents, exemplaires, qu’il est nécessaire de condamner avec la plus grande force les manquements et les exactions de quelques-uns.
La promesse de la République et de notre pays, c’est celle de l’égalité en droits et en devoirs. Il faut couper court au sentiment que, au sein de la police, la justice se fait en catimini. L’IGPN, dont la mission est d’instruire les manquements des forces de l’ordre et de les sanctionner, en est l’acteur clé mais force est de constater qu’aujourd’hui la situation est vraiment loin d’être satisfaisante. C’est ce que pointe notamment la Défenseure des droits après trois ans d’enquête.
Plus d’exemplarité, plus de transparence, plus de cohérence: l’IGPN ne peut plus être une boîte noire et doit être réformée. J’appelle aujourd’hui solennellement le Ministre de l’Intérieur à engager avec force ce chantier dont l’urgence se veut chaque jour plus grande et qui mérite un véritable débat démocratique.